De loin, les nids d'une colonie de tisserins resemblent à de gros fruits.

 

Le mâle est choisi pour l'élégance se don nid.

Le nid de ces artistes, tissé avec des fibres végétales, possède généralement une entrée latérale située à l'extrémité d'un long tunnel. Les tisserins sont habiles à faire des noeuds et leur oeuvre est un lacis solide et compliqué.

 

 

 

Après le choix minutieux des matériaux, l'oiseau réalise d'abord une armature, un ruban de tiges à partir duquel à va organiser le berceau à sa manière.

 

Deux styles de nids

Les tisserins établissent en général leur colonies dans des arbres où l'on peut trouver, côte à côte, plusieurs dizaines de nids. Certains nichent dans la végétation basse et se contentent d'une boule grossière dotée d'une ouverture latérale. Mais ceux qui s'installent à grande hauteur au-dessus du sol, réalisent une construction beaucoup plus élaborée et des plus solides, une sorte de cornue qui s'ouvre vers le bas par un couloir d'accès d'une longueur pouvant dépassé 25 cm. Ce véritable tunnel débouche, vers le sommet de l'ensemble, dans la chambre de ponte et d'incubation.

 

 

 

C'est au mâle de construire le nid et il doit faire vite et bien: les femelles choisissent leur époux en fonction de la réussite et de la beauté de l'ouvrage.

 

Incroyable

En quoi réside l'habileté du tisserin? Ses doigts fonctionnent indépendamment les uns des autres. Tenant plusieurs fibres avec sa patte, l'oiseau est capable d'entrelacer avec son bec des brins dans plusieurs directions différentes. Il obtient ainsi un véritable tissage très précis et d'une parfaite solidité.

 

 

 

En Afrique du Sud, le tisserin sociel s'est adapté à la civilisation et construit son nid sur des poteaux électriques.

 

Comment procède l'artiste?

Tout le travail de construction échoit au mâle. Celui-ci commence par recueillir de longues fibres sur les palmiers et les bananiers. Saisissant un brin à son extrémité, il se laisse tomber de tout son poids et le sépare ainsi du reste du tronc ou de la feuille. Puis, il va poser ce filament sur l'extrémité du rameau choisi pour servir de support au nid, et le retient avec sa patte. Du bec, il lui fait faire plusieurs fois le tour de la branche, serre un peu, fait un noeud en passant le bout libre sous celui qu'il tient sous la patte. Il recommence plusieurs fois l'opération avec d'autres fibres, jusqu'à ce qu'il obtienne une sorte de ruban d'herbes.

Maintenant, il va préparer une corbeille, entièrement fermée, à l'exception d'une ouverture tournée vers le sol. Pour cela, il commence à former des noeux de plus de plus en plus serrées, tissant peu à peu une sorte de hamac. L'ouvrage se perfectionne par l'entrecroisement de nouvelles fibres et le tisserin obtient une bourse digne d'un maître vannier.

 

 

 

En Côte-d'Ivoire, le tisserin noir de Vieillot tisse une bourse plutôt irrégulière mais solide.

 

Inné ou acquis?
Bâtir un nid est un comportement en grande partie instinctif et stéréotypé. Cependant, la limite entre l'inné et l'acquis est difficile à établir. Influencée en particulier par la température, la construction est déclenchée par la vue d'un site de nidification couvenant à l'oiseau. Les phases des travaux sont alors programmées à l'avance. Des tisserins élevés en captivité et maintenus pendant quatre générations écartés de tout matériau de nidification, n'en sont pas moins capables de tresser leur nid dès qu'on met des fibres végétales à leur disposition. La construction du nid est donc héréditaire.

Cela ne signifie pas que la part de l'acquis soit nulle. Les jeunes sont moins habiles que les plus âgés. L'expérience acquise auprès des bâtisseurs confirmés leur permet de perfectionner leurs méthodes au fil du temps. A un an, ils sont assez lent et pas très soigneux. Graduellement, ils acquièrent une dextérité personnelle aussi grande que leurs aînés!

 

 

 

Les espèces bâtissant leurs nids haut dans les arbres sont celles qui réalisent les ouvrages les plus élaborés.

 

Un tisserin pour construire son nid, choisit toujours des brins de couleurs verte, même si on lui présente expérimentalement des matériaux teints en jaune, bleu, rouge ou noir. De plus, il sélectionne sans se tromper les filaments les plus flexibles et dédaigne les plus raides. Son choix est infallible.

 

Le nid, support publicitaire

La formation du couple dépend exclusivement de l'existence d'une demeure solide et douillette où la nidification sera possible. Les premières averses qui s'abattent sur la terre désséchée de la savane sont le signal montrant que le moment est venu de construire le berceau. Une grande troupe de tisserins mâles se pose sur un arbre et bientôt, chacun se met à tisser avec des brins d'herbe nouvelle. Tous travaillent fiévreusement afin d'achever le couffin avant l'arrivée des femelles.

Dès que l'une d'elles pénètre dans la colonie, celle-ci se transforme en ruche bourdonnante: tous les mâles se postent à l'entrée de leur nid, agitant leurs ailes et gazouillant en un bavardage incessant. L'arbre tout entier semble couvert d'une multitude de petites flammes jaunes qui vacillent. Très calmes, les femelles effectuent un choix minutieux parmi toutes les demeures offertes.

 

 

 

Le tisserin social se distingue par la construction d'un grand nid communautaire. Cet ensemble représente le plus gros berceau bâti par les passereaux.

 

Quels critères de sélection?

On ne sait pas trop en fonction de quels critères la femelle tisserin opère son choix. Quoiqu'il en soit, il est sûr que l'aspect du nid compte davantage que celui du mâle, pourtant brillamment coloré pour la circonstance. La future mère n'accorde aucune attention aux berceaux qui en sont encore au stade du gros oeuvre. Leurs constructeurs resteront célibataires. Plus précisément, ils ne pourront s'accoupler avec l'une des premières arrivées. Plus tard, toutefois, d'autres femelles viendront en grand nombre dans la colonie. Le choix sera alors un peu moins exigeant.

Chez les tisserins, les mâles n'ont pas le temps de flâner. Ceux qui travaillent lentement ou négligemment sont écartés de la compétition, donc exclus du groupe des reproducteurs. Ce sont uniquement les femelles qui opèrent la sélection parmi les messieurs et elles préfèrent nettement les architectes les plus habiles.

 

 

Tisserin_Etosha