Un langage du corps.
Les animaux vivant en société doivent maintenir la cohérence du groupe. Danse, tapotements d'antennes chez les insectes, cris, mimiques, attouchement chez les singes permettent d'échanger des informations.
Les fourmis rousses s'échangent la nourriture de bouche à bouche.
A l'intérieur d'une ruche, une abeille virvolte et s'agite frénétiquement. Du moins, le croit-on à première vue. En réalité, sa trajectoire dessine des 8, son abdomen frétille selon une certaine cadence: elle se livre à une véritable danse, dont les figures se répètent dans l'air selon une chorégraphie définie.
Les abeilles dansent dans la ruche pour informer leurs soeurs de l'endroit où elles ont trouvé une nouvelle zone fleurie. Leurs circonvolutions respectent un code: leur danse est langage.
Si la souce de nourriture détectée est située entre la ruche et le soleil, l'abeille danse vers le haut; si elle est à l'opposé, elle danse vers le bas.
Le langage des abeilles
Lorsque l'abeille décrit un 8, à la verticale et face au soleil, l'angle que fait la barre centrale de ce chiffre avec la perpendiculaire au sol indique la direction de la source de nourriture depuis la ruche. Autre information, plus vite son abdomen frétille, plus proche est la zone fleurie. Et plus la danse est rapide, plus cette source de nourriture est abondante.
Cette étonnante façon de communiquer connaît des variations selon les régions, un peu comme nos dialectes d'antan. Ainsi, la même vitesse de frétillement indique une distance moins importante pour les abeilles du sud de l'Europe que pour celles du nord. Car les butineuses du Sud ont besoin de moins se déplacer pour trouver du nectar que celles du Nord, où les fleurs sont plus rares.
Abeille asiatique
Communiquer par les antennes
Les insectes sentent et goûtent par leurs antennes. Leurs mouvements et tapotemments ont pour but de détecter des molécules. C'est de cette manière que les fourmis, par exemple, décryptent les odeurs émises par l'une ou l'autre d'entre elles, en cas de danger - phéromone d'alerte diffusée dans l'air -, ou encore pour signaler une source de nourriture - traçage au sol d'une piste odorante où elles disposent régulièrement une phéromone avec l'abdomen. Ainsi a-t-on pu parler de langage antennaire. Une fourmi privée de ses antennes est incapable de communiquer avec ses compagnes.
C'est par leurs antennes aussi que les insectes quémandent de la nourriture et échangent ensuite des aliments. Or c'est via ces incessants échanges que circulent de nombreuses substances chimiques destinées à assurer l'organisation sociale, notamment en régulant l'apparition des différentes castes. Les sécrétions de la reine des abeilles, par exemple, diffusées dans toute la ruche gâce à la nourriture, bloquent la ponte des ouvrières et empêchent l'élevage de nouvelles reines. Lorsque la reine meurt, la source de cette molécule se tarit et le comportement des ouvrières change: un nouvel élevage de reines se met alors en place. De même, quand, chez les termites, les soldats sont en trop grand nombre, ils sécrètent une substance fortement concentrée qui empêche l'apparition de nouveaux soldats. Et c'est cette même substance qui, faiblement concentrée, favorise leur apparition pour combler les pertes après une attaque de fourmis, par exemple.
Fourmis légionnaires
Le chimpanzé crie et grimace
On ne choquerait plus personne aujourd'hui en disant que les comportements des chimpanzés rappellent ceux de l'être humain. Dès son plus jeune âge, notre plus proche cousin suit fidèlement ses parents, et notamment sa mère. Il exprime sa joie, sa crainte ou ses envies tel un petit d'homme, en sollicitant la femelle par des tapotements ou des cris auxquels celle-ci répond. Lorsqu'elle refuse de céder à une demande, la mère se met à crier et n'hésite pas à administrer une tape à son rejeton s'il se fait trop pressant.
Les singes, notamment les plus grands (chimpanzés, gorille, orang-outang) disposent ainsi de multiples formes d'expressions. Les mimiques, par exemple. Leur visage est alors très éloquent et chaque grimace a une signification. Lorsqu'ils s'apprêtent à attaquer un comparse, ou dans toute autre situation entrainant un état agressif, le chimpanzé reste silencieux et garde les lèvre serrées. Lorsqu'il sourit largement, bouche ouverte, c'est qu'il a peur ou est excité; ce sourire est d'ailleurs souvent accompagné de cris perçants. Mais un sourir bouche fermée caractérise un animal un peu moins effrayé. Les chimpanzés ne crient pas n'importe quand ni n'importe comment. En réalité, ils vocalisent selon des codes définis.
Devant une nouvelle source de nourriture, ils informent les autres de leur découverte et les invitent à venir les rejoindre: la bouche dessine un o fermé pour prononcer une sorte de houou, tout en aspirant fortement de l'air; puis elle s'ouvre plus largement pour pousser une sorte de oua, qui constitue la phase finale de l'appel. C'est ce que les scientifiques appellent un hululement haletant. En d'autres occasion, par exemple la nuit ou lorsqu'ils se déplacent, ils ont recours à des vocalisations pour garder le contact avec leurs congénères.
Termite ouvrière
Les bonobos et l'amour libre
La communication entre les individus peut prendre des formes plus...libres. Chez les bonobos - une autre espèce de chimpanzé -, le sexe joue un rôle majeur dans les rapports sociaux. Ils sont d'ailleurs à la fois polygynes (un mâle pour plusieurs femelles) et polyandres (une femelle pour plusieurs mâles). Masturbation, fellation, rapports incestueux ou homosexuels sont des pratiques courantes: elles visent à calmer l'agressivité, à resserrer les liens entre individus et à cimenter le groupe; pour les jeunes,, ce sont sans doute aussi des rites d'initiation à la vie adulte. Chez bon nombres d'espèces de singes polygames, la période de chaleur des femelles dure plusieurs semaines et se manifeste de façon très visible par des tumescens anglo-génitales rouges. Chez les mâles de certaines espèces,, les testicules sont de grande taille, de couleur bleu vif et le pénis est rouge. Ces messages visuels très prononcés, qui s'ajoute à un dimorphisme sexuel important (les mâles sont plus grands) favorisent une sexualité exacerbée.
Les chaleurs plutôt ostentatoires des femelles incitent les mâles à des audaces peu communes voire à des alliances stratégiques. Un mâle peut s'associer à deux autres comparses, lesquels tiennent à distance un rival plus "baraqué" pendant qu'il s'adonne aux joies de la reproducation avec la femelle convoitée!
Chimpanzé
Bonobo
Abeille tueuse
Abeille européenne
Abeille charpentière
Abeille cotonnière
Abeille coucou
Abeille à orchidée
Abeille des sables
Furet