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Un climat rude

" Neuf mois d'hiver, trois mois d'enfer " ! Un dicton qui caractérise birn cette région situé entre 1 000 et 1 500 m d'altitude.

Au XVIIIème siècle, la nature y est sauvage et austère, les hivers très rudes, nous sortons à peine de la " mini-période glacière " (1560-1760) qui fut terrible en Gévaudan (jusqu'à - 40°) provoquant misère et mortalité. Le très rude hiver 1709-1710 aurait causé la mort d'un quart de la population de la Margeride.

Les étés sont chauds et très pénibles, en raison des travaux des champs; celui de 1764 a été sec et les récoltes furent maigres; un nouvel hiver marqué par les restriction alimentaires, et même les pénuries s'annoncent.

 Des paysages apaisants

Les blocs de granite font partie structurante des paysages de la moitié nord du Gévaudan, d'origine cristalline, c'est une des plus importantes formation granitiques d'Europe. Cette roche omniprésente (hormis le roc de Peyre basaltique), a été largement utilisée par les hommes pour se loger, pour construire des routes et des ponts, des tombes, des abreuvoirs et pieux de clôture pour le bétail. Ces rochers sont aussi au centre de légende, ils seraient des abris pour les fées ou encore auraient été fréquenté par Gargantua, le héros de Rabelais, un être doué d'une force hors du commun.

Il n'en demeure pas moins que leurs silhouettes sont parfois intriguantes par temps de brouillard ou à la tombée de la nuit. Les landes sont colonisées par le genêt, la bruyère, la digitale, l'épilobe, la gentiane, les bouleaux ou encore les joncs et les fougères, dans les lieux plus frais. Les plaines et les bas-fonds sont " percés " de nombreuses tourbières ou zones humides appelés ici : " fondis ", " fondrières ", " molles ", " molières ", " sagnes ", "sanhes ", " saugnes ", " sognes ", " fangouses " ou " fanjouses "...

Les zones de cultures et pâtures sont jalonnés de haies de frênes ou autre saules, lesquels sont taillés en têtards (sur un tronc court, les branches sont coupées régulièrement pour alimenter les animaux; pratique encore en vigueur de nos jours).

Les forêts de pin sylvestre, de bouleau, de hêtre ou sapin, mais surtout les landes qui servent aussi de pâtures couvrent de grandes étendues. Les forêts proprement dites occupent alors 13% du territoire  et sont essentiellement sectionnales, c'est-à-dire que tous les citoyens résidant sur une section cadastrale donnée, ont un droit d'usage sur la forêt qu'elle porte lorsque celle-ci appartient à la commune. Cet usage perdure encore en Lozère, et dans de nombreuses région de France. De nos jours, grâce à une politique active, la forêt occupe près de 30% du territoire.

Des villages intemporels

Ce qui attire l'attention du voyageur arrivant dans un village du Gévaudan, c'est avant tout l'architecture imposante des églises; elles sont les témoins d'une ferveur religieuse plus marquée jadis.

Les clochers, dites à peigne, sont remarquables de beauté et de finesse; l'intérieur de ces églises paraît démesuré par rapport à la taille du village. De grands bassins lavoirs nous rappellent les lessives à la main faite en commun par les lavandières. Les abreuvoirs à bestiaux sont toujours utilisés; par contre les métiers à ferrer les boeufs de traits sont désaffectés.

Les fermes, souvent regroupées dans de nombreux hammeaux dispersés dans la campagne, sont massives, en pierre granitique taillée; elle pariîssent construite pour traverser les siècles. Les ouvertures (je veux parler de celles d'origine) sont étroites pour éviter les déperditions de chaleur en hiver. On se chauffait le plus souvent à la bouse de vache et aux pavés de tourbe, empilés à l'abri de la pluie. Le verre, trop cher, n'existait pas encore chez les gens pauvres, il n'y avait donc pas de fenêtre. Le papier huilé tenait lieu de vitre, pour les plus grandes ouvertures.  Les petites ouvertures restaient ouvertes, elles servaient d'aération et de tirage pour la cheminée qui fonctionnait même en été pour cuire les aliments. Les villages sont reliés entre eux par des chemins souvent bordés de murs de pierres recouvertes de mousses et lichens et jalonnés d'arbres d'alignement souvent taillés eux aussi pour la nourriture animale ou pour le chauffage.

 

Une faune plus diversifiée

On peut supposer que dans le Gévaudan (comme partout ailleurs en France) la biodiversité était plus forte à cette époque qu'elle ne l'est aujourd'hui.  Plusieurs espèces animales ont disparu de notre territoire, victimes de la chasse ou de la dégradation des milieux. D'autres se sont raréfiées comme le chat sauvage, le castor, la loutre (décimée depuis pour sa fourrure), la genette, certains mustélidés, les chauves-souris, les rapaces, la pie-grièche, la huppe, plusieurs espèces de poissons et d'amphibiens...

En plus des animaux cités ci-dessus la faune mammifère de cette région comprenait bien d'autres espèces à l'époque comme par exemple: l'ours ( qui n'a disparut du Massif central qu'aux alentour de 1800, et des Alpes vers 1940)) le sanglier, des cervidés, le chamois, la marmotte, le renard, l'écureuil, le blaireau, le lynx, le lapin de Garenne (très fréquent), le lièvre, le loup bien sûr, très commun alors.

Les espèces dites " gibier " donc chassées étaient plus abondantes que de nos jours, car seule une minorité de gens avait le droit de chasser, et les armes ainsi que les techniques étaient moins performantes qu'aujourd'hui