Leurs jeux ne sont pas toujours innocents et parfois ils se croquent entre eux.
A la naissance, ils sont gris ou noir, rarement roux
Alors que les premiers rayons printaniers du mois d'avril réchauffent un peu les sous-bois, dans son terrier, à l'abri des regards indiscrets, une renarde donne la vie.
Ventre rond, pattes courtes
Petite boule grise ridicule encore toute humide, qui ressemble si peu à sa mère, le premier renardeau à vu le jour il y a une demi-heure à peine. La renarde l'a lèché, et délicatement conduit contre son flanc. Bientôt, un deuxième naît. Une portée compte entre 3 et 7 petits, en moyenne. Certains sont gris, d'autres presque noirs ou roux taché de blanc. Mais tous présente cette même disproportion: un ventre rond, comme gonflé, et une tête trop grosse et un peu carrée pour des pattes bien trop courtes! Pour rejoindre les mammelles nouricières, ils rampent plus qu'ils ne marchent. Aveugles, ils sont aidés par leur mère pour trouver le chemin de la première tétée. Le ventre de la femelle est alors entièrement nu. S'est-elle arrachée sa fourrure? Les poils tombent-ils naturellement? Mystère. Quoiqu'il en soit, les mamelons au nombre de 8 forment de petites protubérances faciles à trouver auxquelles les jeunes s'attachent goulûment. Ils sont alors ridiculement petits, mesurent à peine 20 cm - queue comprise -, pèsent une centaine de grammes, remuant autant qu'ils émettent de plaintes ténues.
Des parents attentifs
Dans la profondeur de son terrier, dans cette anti-chambre que l'on nomme "maire", la renarde nettoie un par un ses rejetons. Elle passe d'ailleurs énormément de temps à entretenir leur pelage encore clairsemé. Dehors, le mâle n'est pas loin, et bientôt, rejoint l'entrée du terrier. D'un grognement clair, la femelle lui interdit toute pénétration dans l'antre. Alors il dépose le campagnol tué quelques minutes auparavant et repart à la chasse.
Lorsqu'un peu hagard, un petit s'éloigne de la chaleur maternelle et se met à geindre d'inquiétude, la renarde le saisit entièrement dans sa gueule pour le déposer près de son ventre. Une fois se progéniture regroupée, elle forme avec son corps et sa queue une véritable corbeille de fourrure, dans laquelle, rassurée, les jeunes s'endorment paisiblement.
Durant leurs premières semaines, les renardeaux ne connaissent que l'horizon de leur confortable tanière.
Fratricides
Les renardeaux ne sont pas forcément d'adorables petites boules de poils inoffensives. Les cas de renardaux s'attaquant violemment à un frère ou une soeur plus faible, allant jusqu'à le ou la dévorer, ne sont pas rares.
A cinq mois, ils deviennent de vrais goupils
Alors que les premières feuilles rousses apparaissent sur les arbres, les renardeaux ont maintenant l'allure de véritables goupils. Ils ont 5 mois. Signe de maturité, ils ne font plus pipi n'importe où mais, à l'image de leurs aînés, se servent de leur urine et de leurs fèces comme de véritables marques odorantes. Les renardeaux sont alors de plus en plus indépendants.
L'hiver est la saison de l'émancipation des sub-adultes. A leur tour; ils vont tenter de se trouver un territoire et un partenaire. Mais parfois, alros que la nuit a endormi les campagnes, un jeune, à la faveur de ses pérégrinations, vient saluer sa mère.
On ne se bat pas "pour rire" chez les jeunes renards et ces exercices ne sont pas exempts d'une réelle violence.
On a longtemps prétendu que le renard était un farouche solitaire. De récentes études tendent à prouver le contraire. Lorsque la nourriture est abondante, les renards vivraient en petites communautés, régies par un mâle dominant. Celui-ci ne s'accouplerait qu'avec une seule femelle, les autres renardes étant priées de jouer les nounous.
A un mois, il s'aventure hors du repaire. Avisé, il sait profiter du creux d'un tronc pour observer à l'abri.
Une croissance rapide
A 15 jours, le déséquilibre entre leur ventre encore un peu rond, et leurs jambes trop courtes s'est atténué. De leurs yeux à peine ouverts, les renardeaux distinguent les formes, les ombres et les contrastes. Cela semble leur suffire pour s'engaillardir un peu. Ils se disputent les meilleurs amplacements pour dormir.
La renarde est attentive, entièrement dévouée, elle passe dans son terrier les premiers moment de la vie de ses bébés, ne comptant pour se nourrir que sur les repas que lui dépose son compagnon. Après cette période de réclusion, elle effectue ses premières sorties.
Les jeunes commencent à avoir du goût pour la viande, que le couple leur régurgite sous forme de musaraignes, de campagnols prédigérés mais aussi, et surtout, d'insectes et de vers de terre. Les renardeaux passent, avec la même allégresse, du lait maternel, que désormais la mère leur offre non plus couchée mais debout, aux repas carnés. Cet apport de protéines animales accélère notablement la croissance des bébés.
Tandis qu'il gambade allègrement, il s'initie à la chasse, visant les insectes d'abord, puis les grenouilles et les petits rongeurs.
Le temps de la chasse
A un mois, sûrs d'eux, ils s'aventurent hors du terrier, se chamaillent, explorent toujours un peu plus loin les alentours de leur repaire. Mais à la moindre alerte, la petite troupe se réfugie rapidement dans le secret de la tanière. A cet âge, les jeunes présentent des prédispositions architecturales. Ils creusent sans cesse de nouvelles antichambres, agrandissent leur repaire. Leur morphologie change alors considérablement. Les gestes, les mouvements, affinés par des heures de jeux leur permettent d'acquérir l'élégance et l'adresse des adutles. C'est aussi l'âge des premières chasses. Les hannetons, les papillons et plus tard, les grenouilles ou les petits rongeurs déposés par la père ou la mère, paient cruellement le prix de l'inexpérience juvénile.
Les premières fois
Première ouverture des yeux entre les douzième et dix-septième jours, mais la vision devient véritablement correcte aux alentours du vingt-cinquième jour.
Premiers repas de viande: entre les dixième et quinzième jours.
Premières sorties hors du terrier: entre les troisième et quatrième semaines.
Premiers jappements: aux alentours d'un mois; c'est aussi l'âge des premières chasses.
Premier hiver, l'âge de l'émancipation.