Je dédie cet article à Chatou1.
Petits mais vaillants.
Si l'adaptation aux conditions du milieu a entrainé chez certaines espèces animales une réduction de taille, les plus petites d'entre elles jouent pourtant souvent un rôle fondamental dans l'équilibre des écosystèmes.
Musaraigne gris
Comme toutes les musaraignes, le pachyure étrusque est un mammifère très vorace. Insectivore, parfois carnivore, il chasse de jour comme de nuit, dans les buissons et les galeries de petits mammifères. Ses longues moustaches lui servent de radar.
Qui, en parcourant les chemins d'un bois ou d'une forêt, se douterais du petit carnage qu'il provoque? En effet, à chaque pas, le pacifique promeneur écrase - ou pour le moins perturbe - un écosystème minuscule.
C'est qu'au sein des feuilles mortes qui jonchent le sol vivent une faune et une flore invisible au regard, mais dont le rôle est essentiel. Les vers de terre, par exemple, grands avaleur de terre, dont ils digèrent les particules organiques, participent activement à la décomposition de l'humus. Sur 1 m2 de forêt, la biomasse (masse des organismes vivants) des grands mammifères est de 220 kg, celle des souris de 500 kg et celle des vers de terre est de...100 tonnes! Des vers de terre dont le service rendu à l'agriculture irlandaise a récemment été évalué à la somme, improbable, de 700 millions d'euros!
De tout petits mondes
Les animaux minuscules vivent en grand nombre dans des milieux où les proies de petite taille, l'habitat réduit - il faut donc occuper la moindre niche écologique - et, paradoxalement, les dangers importants : plus on est petit, plus il est facile de se cacher pour se protéger. Le nanisme est un avantage.
C'est le cas de tous les biotopes où la matière organique est dégradée (litière des sous-bois, espace entre les grains de sable...) : des animaux détritivores comme les acariens et les vers s'y nourrissent de particules microscopiques. Chaque animal dégradant la matière organique dont il s'alimente et la rendant toujours plus microscopiques dans ses déchets, la taille des espèces détritivores est de plus en plus petite.
D'autres détritivores, tels les crabes, élisent domicile entre les tentacules des anémones de mer ou parmi les polypes coralliens et se nourrissent des reliefs de repas de leurs hôtes et des sédiments qui pourraient les gêner. Sur les plantes sous-marines se fixent également une multitude d'animaux minuscules, qui filtrent l'eau sur ces promontoires. C'est le cas en particulier d'invertébrés comme les hydraires et les byozoaires.
Crabe bleu
Bathykorus bouilloni
Dentelle de Vénus
Des nains chez les musaraignes
Les vertébrés ont aussi leurs nains. Sur terre, le plus petit d'entre eux est une musaraigne, le pachyure étrusque. Cet insectivore vit en Europe du Sud. Il est vorace, avec un long museau poilu, mesure 3,5 cm de long (sans la queue) mais ne pèse que...de 1, 5 à 2 g! Comment imaginez un squelette de mammifère, un coeur, une tête dans un si petit volume? Et pourtant, le pachyure farfouille et chasse ausi bien que les autres musaraignes.
Mais il vit sans doute un peu moins vieux que les autres parce que son métabolisme est plus rapide. En raison d'un rapport élevé entre la surface de son corps et son volume, la musaraigne perd beaucoup de chaleur interne : elle doit fournir sans cesse de nouvelles calories. Son coeur bat donc plus vite. A plus d'une centaine de battements par minute, cellui-ci se fatigue plus rapidement que celui d'un éléphant, qui ne se contracte que vingt fois pendant les mêmes soixantes secondes...
Dans les airs, le pachyure est un homologue ; c'est la chauve-souris thaïlandaise, appelée nez-de-cochon, qui pèse à peu près le même poids. Fort rare, elle n'a été découverte qu'en 1973.
Les collemboles sont peut-être les plus vieux insectes du monde. Ils n'ont pas d'ailes, ne se métamorphosent pas et passent leur vie à la surface du sol. Leur taille oscille entre 0,5 et 1,5 mm.
Des nains dans toutes les familles
On pourrait multiplier les exemples de nanisme dans toutes les familles animales. Citons simplement quelques cas remarquables. Ainsi; un serpent des Antilles, Leptotyphlops bileneata, ne mesure que 10 cm de long, ce qui en fait le plus petit serpent du monde.
La grenouille de Cuba ne dépasse pas 1,2 cm et une araignée, la pattu des Samoa, atteint péniblement la taille de 0,43 mm.
De même, le colibri d'Helen, qui vit à Cuba, est le plus petit oiseau du monde : il mesure moins de 6 cm pour un poids de 1,6 g. Sa taille lilliputienne est le fruit de la concurrence entre espèces. Confronté à la lutte pour la vie face à des congénères avec lesquels il partageait l'exploitation d'un milieu - tous les colibris se nourrissent du nectar des fleurs -, le colibri d'Helen a progressivement rapetissé, sa seule chance de survie étant de devenir nain : son minuscule bec lui permet ainsi d'accéder au nectar de très petites fleurs que les autres espèces de colibris ne peuvent atteindre. Devenu plus petit, un animal peut ainsi exploiter certaines ressources du milieu que ses voisins ont délaissées ou parce qu'elles leur sont inaccessibles.
Le colibri d'Helen peut aller chercher le nectar dans les plus petites fleurs de l'Amérique tropicale. Pour ce faire, il doit rester en vol stationnaire : ses ailes, qui battent 78 fois par seconde, agissent comme les pales d'un hélicoptère.
La revanche des mammifères
C'est leur taille qui a, entre autres, sauvé les premiers mammifères. Du temps des dinosaures, qui régnaient en maîtres sur la planètes Terre, les mammifères étaient pour la plupart nocturnes, et surtout petits. Se dissimulant facilement des prédateurs, qu'ils intéressaient d'ailleurs probablement peu en raison de cette petitesse, ils se sont adaptés plus vite à l'environnement hostile qui a précédé la disparition des dinosaures et de beaucoup d'autres animaux, voici 65 millions d'années. Ainsi ont-ils survécu et connu le développement que l'on sait.
L'hydre d'eau douce est ce qu'il y a de plus simple chez les cnidaires, animaux à tentacules. Haut de quelques milimètres, ce prédateur efficace peut se couper en quatre pour se reproduire.
Le trombidion, adulte de l'aoûtat, mesure 1 mm de long. C'est un parasite particulièrement tenace qui pique la peau des mammifères pour se nourrir de leur sang.
Quand tu parles de Kg pour le colibri et la musaraigne, donc de kilos, ce ne seraient pas plutôt des grammes?
Ceci mis à part, ton article est aussi intéressant que tous ceus que tu fais d'habitude.
Bisous,
Mo