La symbiose
Je dédie cet article à BrunellaCarol
Vivons joue contre joue.
Dans la nature l'altruisme est inconnu. Mais, parfois, des relations équilibrés s'établissent entre deux espèces, chacune dépendant de l'autre pour sa survie : c'est la symbiose, une situation beaucoup plus rare que le parasitisme.
La symbiose avec un arbre est une condition sine qua non de survie pour les champignons dits mycorhiziens comme ce bolet à pied rouge.
C'est la "saison" dans le Lot. Chiens et cochons spécialisés reniflent le sol. Leur truffe est en quête de truffes. Ces champignons dégageants de fortes fragrances., les animaux n'ont pas grand mal à les découvrir.
Toutefois, ils n'en trouvent que sous de vieux chênes : il n'y en a pas ailleurs. Il y en a même beaucoup sous les chênes pubescents, ce qui se remarque à l'oeil nu : il n'y a plus d'herbe autour de ces arbres. Pourquoi la truffe vit-elle sous un chêne? Pour se nourrir. Et pourquoi le chêne la laisse-t-il faire? Pour s'alimenter.
Des champignons et des racines qui font ami-ami
Chênes et truffes sont liés par une sorte de contrat alimentaire appelé symbiose. Le champignon reçoit de l'arbre la majorité de ses sucres et lui fournit en retour des éléments minéraux (phosphore, azote, etc). Plus précisément, la truffe, comme tous les champignons dits mycorhiziens (les bolets et les amanites en sont aussi), ne sait pas digérer les débris de végétaux en décomposition dans le sol. Contrairement aux autres champignons, elle est donc incapable de trouver elle-même les matières carbonées (les sucres, par exemple) qui lui sont indispensables. En insinuant ses longs filaments mycéliens dans l'écorce des racines, elle trouve ce carbone à profusion, fabriqué par les feuilles de l'arbre au moyen de la photosynthèse et véhiculé par la sève.
L'arbre, quant à lui, profite aussi de la truffe : les filaments mycéliens augmente la surface d'absorption de ses racines. Celles-ci captent aussi plus de sels minéraux. et d'eau.
En outre, la truffe, à l'instar de tous les champignons, sait fabriquer des molécules telles que les acides aminés, utiles au fonctionnement des arbres.
L'orobranche cousine de l'orchidée, est incapable d'activité photosynthétique; elle dépend totalement de ses hôtes pour se nourrir, mais ne leur apporte aucun service en échange : il ne s'agit pas de symbiose mais de parasitisme.
De discrets profiteurs
Tous les arbres d'Europe,vivent en symbiose avec des champignons. D'autres plantes également. Chez certaines, la symbiose est tellement efficace qu'elles ont perdu presque toute l'activité photosynthétique. L'apport alimentaire de leurs champignons racinaires est tel que leurs feuilles sont réduites à de petites écailles. C'est le cas des gentianes, des bruyères et des orchidées. Mais les champignons concernés tirent-ils un bénéfice de cette association? Apparrement non. Comme souvent, la symbiose s'est muée en quasi-parasitisme au seul profit de la plante.
La famille des orobranches est quant à elle totalement passée au parasitisme : dépourvues de chlorophylle, sans aucun champignon pour les aider à ses nourrir, ces plantes proches des orchidées parasitent totalement d'autres végétaux en se fixant sur leurs racines pour en pomper la sève. Il y a l'orobranche du trèfle, celle du thym, du lierre, etc.
Gentiane pourpre
Symbiose animales
La symbiose existe également entre les animaux. La plus connue est celle qui s'est établie entre le poisson-clown et l'anémone de mer. Le poisson vit en couple entre les tentacules de l'anémone et, garanti par un mucus contre leur toxicité, se protège ainsi de ses prédateurs. De plus, il se nourrit des reliefs de repas de l'anémone, et l'empêche ainsi de mourir étouffée.
D'autres poissons ont opté pour une protection plus rapprochée encore. Certains carapidés, Caropus apus par exemple, vivent dès le début de leur vie d'adulte à l'intérieur d'holothuries ou d'étoiles de mer. Ils s'y protègent de leurs prédateurs et s'y repoduisent. L'intérêt pour l'invertébré est limité, voire quasiment nul. Là encore, il s'agit davantage de parasitisme que de symbiose.
Poissons-clown et anémones de mer ont établi une symbiose véritable. Chacun trouve son compte dans cette relation et pourrait difficilement vivre sans l'autre.
Le parfait équilibre, une rareté
Les exemples de symbiose parfaite (également appelée mutualisme) ,sont en fait assez rares. C'est que les conditions nécessaires ne sont pas faciles à réunir : la symbiose est, par définition, une association entre des organismes vivants dont les relations s'équilibrent , pour chacun d'eux, entre les pertes et les profits. Chacun doit y trouver son compte, gagner beaucoup sans trop perdre. Souvent , la symbiose est vitale pour les espèces qui l'entretiennent : elles ne sauraient survivre longtemps sans elle.
Un des très rares exemples de symbiose parfaite, peut-être même le seul, est celui du lichen. Il s'agit d'un organisme formé par l'association d'une algue et d'un champignon. L'union de ces deux formes de vie est telle que le lichen est considéré comme un organisme unique, au même titre que toute autre plante. Les lichens vivent dans des milieux où leurs champignons et leurs algues ne pourraient vivre seuls. Ils fabriquent aussi des molécules qui n'élaborent pas leur symbiotes. Et ne se reproduisent pas sexuellement.
Comment les lichens ont-ils pu alors s'adapter et évoluer au fil du temps? Mystère. Tout comme l'origine de cette symbiose miraculeuse.
Le lichen est la quintessence de la symbiose. L'algue et le champignon qui la forme sont physiologiquement totalement interdépendants. Très sensibles à la pollution, les lichens servent d'indicateurs de la qualité de l'air.
Les alliés masqués de l'intestin
Nombre de symbioses existent à l'intérieur des organisme. Dès notre naissance, par exemple, notre intestin absorbe des bactéries, des protozoaires et des levures qui, en se développant, facilitent notre digestion. C'est une symbiose. Elle est particulièrement efficace chez les ruminants : sans les bactéries et les protozoaires de leur panse, les vaches seraient incapables d'assimiler l'indigestible cellulose des feuilles qu'elles broutent. Idem pour les termites, qui ne pourraient manger de bois sans les protozoaires flagelles qu'ils entretiennent dans leur intestin. Autre association bénéfique : les poissons-phares hébergent des bactéries phosphorescentes dans les poches situées sous leurs yeux - idéal pour attirer les proies!
Poisson-phare