Le langage sonore

Une bruyante carte d'identité.

Le langage sonore est le moyen de communication le plus simple qui soit, et de ce fait le plus répandu dans le monde animal. Il suffit de créer des vibrations dans l'air, ce qui est possible même sans bouche ni corde vocales.

En hurlant, les loups communique au sein de leur groupe, mais informent aussi les autres meutes de leurs activités.

Les loups attaquent. Sous l'autorité implacable de leur chef, ils harcèlent un vieux renne. Se méfiant des sabots et des cornes de leur victime, ils s'emploient à la fatiguer. La curée viendra lorsque le renne, épuisé, cessera le combat. Pendant toute la durée de la chasse (poursuite, mise à mort et enfin partage de la proie), les membres de la meute ont coordonnées leurs actions en hurlant. Ils ont aussi tenu informés du déroulement de la chasse les autres loups du groupe, qui maraudaient non loin d'eux, en modulant leurs cris. De la même façon, pensent les zoologues, que les veneurs jouent du cor pour aviser tous les participants des péripéties d'une chasse à courre.

Signal d'alarme

L'avertissement est le premier but de la communication sonore. Comme la plupart des mammifères, les zèbres de Burchell émettent des cris d'alarme. Dès que l'un d'eux a repéré à l'odeur, puis localisé du regard un prédateur, il pousse un i-ah ou renifle bruyamment. Toute la troupe se regroupe alors et met de la distance entre elle et le danger. Face au même stress, les chevaux sauvages, poussent des hennissements parfaitement compréhensibles de leurs congénères. De même, les marmottes sont connues pour leurs sifflements. Chaque tribu à son guetteur. Dès qu'un importun a dépassé la distance de protection minimale, la sentinelle pousse un cri très aigu qui provoque la fuite de tout son groupe vers les terriers.

Chez certains animaux, il existe diffrents cris d'alarme, correspondant chacun à un danger spécifique. Ainsi, chez le vervet, ou singe vert, les nouveau-nés vocalisent dès qu'ils aperçoivent un phacochère, par exemple, mammifère proche du sanglier. Passé l'âge d'1 an, le vervet crie aussi en présence d'autres mammifères, de serpents ou d'oiseaux jugés inquiétants. Ce n'est qu'à l'âge adulte qu'il développe un hurlement indiquant la proximité d'un léopard, son principal prédateur.

Marmotte des Alpes

Zèbres de Burchell

Vervet

L'éléphant de mer mâle pousse des cris graves, à la fois pour réunir ses femelles autour de lui et pour prévenir toute intrusion d'un concurrent au sein de son harem.

Les rois des vocalises

Dans le monde animal, les oiseaux ont sans doute poussé le langage sonore au firmament de l'accomplissement! Rien n'est plus beau en effet que le chant d'une grive musicienne ou d'un rossignol en pleine nuit. Le riche phrasé, la pureté des notes ont, de longue date, inspiré écrivains et musiciens. Pourtant le chant, au-delà de sa beauté,  une vocation toute simple : proclamer la présence de l'animal.

Chez la plupart des oiseaux, la femelle se contente de pousser les cris propres à l'espèce et seul le mâle chante. Cela surtout au moment de la reproduction, afin de faire passer un double mesage. Tout d'abord, pour attirer sa future compagne : il déploie alors tout le répertoire dont il est capable. Il y a de bons et de mauvais chanteurs au sein d'une même espèce. Et mieux l'on chante, plus grandes sont les chances de séduire! L'autre objectif est de marquer son territoire, c'est-à-dire de signifier aux mâles des alentours : " je suis là, c'est mon territoire, éloignez-vous!" Ainsi le chant est-il le moyen de communication le plus élaboré chez les oiseaux pendant cette période primordiale qu'est la reproduction.

Rossignol à flancs roux mâle

Grive musicienne

La cigale émet son chant en frottant ses élytres l'un contre l'autre.

Paroles d'oiseaux

En dehors de la période de reproduction, les cris remplacent le chant. Ils sont en général à la fois simples et multiples, et peuvent être utilisés en cas de danger, pour prévenir les autres (cris de détresse) ou lors des déplacements migratoires, pour maintenir le contact et la cohérence du groupe (cris de contact). En outre les jeunes oiseaux possèdent lors propres cris, notamment pour réclamer leur nourriture.

Enfin, si les mâles sont les seuls à chanter, il existe quelques espèces chez lesquelles la femelle peut également donner de la voix. Le chant se pratique alors en duo. C'est le cas chez le grand-duc d'Europe, les colioux d'Afrique (oiseaux proches des coucous) ou encore les barbus tropicaux, qui vivent en Asie et en Afrique tropicale.

Grand-duc d'Europe

Colious rayés

Barbu arlequin

Cris du coeur

Le langage sonore est indissociable des parades nuptiales. Et pas seulement chez les oiseaux. Les mâles, au moment des amours, se font entendre, chez les insectes comme chez les amphibiens par exemple. Ainsi, dès la nuit tombée, le concert des grenouilles et des crapauds mâles couvre toutes les mares du monde : les coassements ne sont que des messages d'amour.

Chez les mammifères, même scénario. En septembre-octobre, dans les forêts d'Europe du Nord, l'élan mâle pousse un gémissement sourd. La femelle qu'il convoite lui répond en hennissant. A la même saison, les cerfs sont autrement bruyants. Ils brament pour s'impressionner les uns les autres et attirer les femelles. Ces manoeuvres ont lieu par nuit fraîche et claire si possible : les cris, très puissants, retentissent à des kilomètres.

De même, plus tôt en saison (juillet-août), au moment du rut, le chevreuil se signale par un aboiement proche de celui du chien, alors qu'en temps normal le cerf et le chevreuil sont des animaux plutôt discrets.

Tout le contraire du chacal à chabraque : ce dernier est l'un des animaux les plus bruyant d'Afrique! Il hurle, aboie, caquette et renifle à tout moment, en fonction de ses émotions. C'est la femelle qui ouvre le bal au moment des amours, en lançant un rire strident. Excité, son prétendant pousse d'interminables hurlements jusqu'à ce que l'affaire soit conclue.

Quant au chameau, il blatère lors des parade nuptiales, c'est-à-dire qu'il émet un gargouillis en refoulant à l'extérieur de sa bouche par une forte expiration, le voile du palais. Très gracieux...

La grenouille mâle gonfle au printemps ses sacs vocaux pour émettre ce sont bien connu que l'on entend sur le bord des étangs. Ici une grenouille agile.

Crapaud accoucheur

Wapiti

Chevreuil européen

Chacal à chabraque

Tous les mammifères communiquent par des sons. La période de reproduction est notamment l'occasion de chants ou d'appels propres à chaque espèce. Ici un chameau de Batriane.

La baleine chante...

Les baleines chantent sous l'eau, c'est bien connu. Même en apnée, l'oreille humaine peut en percevoir des brides. Mais il faut un appareillage spécial (hydrophone) pour détecter la totalité du message.

Celui-ci, comme chez les oiseaux, est utilisé par les mâles au moment des parades, mais aussi au sein du groupe pour en assurer la cohésion. Et, comme chez les oiseaux, groupes ou populations de baleines peuvent avoir leur propre dialecte, une grammaire sonore particulière.

Baleine à bosse

Chez les oiseaux, comme cette gorgebleue à miroir mâle, le chant a pour fonction de marquer un territoire et d'attirer une ou plusieurs femelles.

 ...et le singe crie

Chez les primates, l'utilisation de l'espace est réglementée par des vocalisations. Chaque groupe social proclame ainsi l'occupation de son territoire. En forêt, les singes crient le plus souvent le matin et d'assez haut dans les arbres. C'est le cas des gibbons asiatiques. Leurs éclats de voix sont répétés longuement et à une fréquence rarement supérieure à 1 kHz, afin qu'ils ne soient pas arrêtés par le feuillage ni couverts par la stridulation permanente des insectes.

Les singes hurleurs poussent les cris les plus puissants : grâce à une sorte de chambren d'écho située dans leur gorge, leurs vociférations portent à plus de 1 km. Les singes de savane comme les babouins poussent également des cris d'alarme, à la fois très stéréotypés dans leur structure et très spécifiques. Chez ces espèces, seuls les mâles vocalisent aussi.

Le siamang mâle est doté d'une poche qui se gonfle d'air et lui permet de produire un son portant très loin, typique de la forêt asiatique tropicale.

Singes hurleur noirs. La femelle comme vous pouvez le voir est de couleur différente.

Une ouîe ultrafine

Quand un manchot empereur adulte, qui niche sur la banquise antarctique, revient vers la colonie - où se trouvent des milliers de poussins - pour nourrir son jeune, il lui suffit de pousser un cri pour que le petit lui réponde aussitôt, malgré le tintamarre général. Cela veut dire que chaque individu est capable d'émettre un cri unique que le jeune reconnaîtra. Aux oreilles humaines tous les cris sont identiques, mais les manchots, eux, sont capables de déceler une minime altération de fréquence...qui fait toute la différence!

Manchots empereurs

Voila pourquoi le springbok est devenu l'emblème de l'équipe sud-africaine de rugby : c'est " l'antilope qui saute". Au moindre danger, elle saute à 2 m. Ses deux taches noires abdominales sont alors bien visibles dans le ciel, ce qui fait fuir le groupe.

Comments

[chemindetables]

encore une fois passionnant et formidable ton article, j'ai adoré tu t'en doute

c'est fabuleux la communication animale mais moi tout me fascine chez les animaux ils sont tellement surprenant si souvent

gros bisous

patricia

[renejeanine]

merci chere Wolfe pour ce bel article , en effet les sons sont un important moyen de communication, non seulement pour les hommes, mais pour tous les animaux, oiseaux, baleines, bonne journée, bises

[LA CASA 06]

Coucou,

Un nouveau petit passage sur ton blog pour te signaler que mon blog sera en pause longue à partir de demain, je pense revenir sur la blogo en juillet.

Je te dis à bientôt

bises

danièle

[Fabymary POPPINS]

Le langage est si important comme les gestes d'ailleurs ou le regard, bisous très chouette reportage

[sylvie barbizon]

Bonsoir Wolfe, oui, ils communiquent bien, parfois je comprends ce que mon chien veut me dire lorsqu'il a faim..et lorsqu'il veut sortir, il fait tout pour que je comprenne! très bel article, merci Wolfe! Bises.