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12 décembre 2018

La Bête du Gévaudan (partie 21)

 

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Toujours des battues

Malgré la récompense promise, les paysans ne se bousculent pas pour participer à ces chasses épuissantes, où ils sont traités comme des chiens de rabat, et dont l'issue ne fait pas de doute, puisqu'ils ne portent pas de fusil. Seuls les nobles ont le droit de chasse, et les rares paysans possédant clandestinement un fusil n'osent pas le montrer de peur qu'il leur soit confisqué.

En effet, comment les choses se seraient-elles passées si un paysan avait effectivement tué la Bête au cours de l'une de ces battues? Aurait-il touché la récompense ou est-ce un noble présent ou encore celui à qui appartenait la terre, qui aurait pu prétendre toucher ce pactole considérable?

Non, si les paysans participaient néanmoins, c'était pour venger les enfants perdus, et essayer de faire cesser ces meurtres affreux dont ils se culpabilisaient parfois en regrettant d'avoir envoyé leurs enfants aux champs.

S'ils traînaient les pieds, c'est parce qu'ils taient fatigués de ces dizaines de battues, et surtout ils refusaient cette contrainte supplémentaire imposée arbitrairement par le royaume. C'est aussi parce qu'une bonne partie d'entre eux étaient mal nourris, voire affamés, mal chaussés, qu'ils n'avaient pas d'entrain pour aller parcourir des kilomètres à la poursuite d'un animal qui paraissait de plus en plus insaisissable.

 Le subdélégué Lafont se plaint auprès de l'intendant du Gévaudan du peu d'enthousiasme que les paysans mettent à chasser la Bête : "ils sont indisciplinés et bruyants, de plus, par peur de la Bête, ils se regroupent et laissent des vides importants entre eux".

En conséquence, cette réquisition de Ballainvilliers, ne fera pas recette très longtemp; d'ailleurs d'autres affichages auront lieu, comme celle d'Antoine en juillet. Antoine qui semble mieux prendre en compte la condition des paysans que ses prédécesseurs : il ne les convoque que pour les battues organisées les dimanches.

Ceci peut expliquer, en partie au moins, le peu d'efficacité de ces battues gigantesques, mal adaptées au contexte géographique local, face à un animal aussi habile et performant.

La Bête, qui s'était calmée quelques jours, reprend ses attaques tandis que pluie et brouillard renvoient à plus tard les chasses programmées. Antoine ne perd pas de temps; il fait creuser des fosses et tendre des pièges, mais ces traques, peut-être mal préparées se révèlent infructueuses, elles aussi.

La presse anglaise continue de se moquer de la France, en jetant de l'huile sur le feu de la discorde par des critiques désobligeantes.

 Le 17 juillet, La Bête s'approche lentement de deux garçons qui la voient venir à eux et ont le temps de grimper dans un arbre.Elle se dresse sur ses pattes arrière et tente de monter dans l'arbre. Heureusement, un homme à cheval arrive et la met en fuite.

Là aussi ce comportement fait davantage penser à un félin pourvu de griffes qu'à un tout autre animal mal équipé pour escalader un tronc.

Le 18 juillet, les Denneval père et fils, quittent le Gévaudansur ordre du roi, et à la demande d'Antoine qui veut chasser seul désormais (peut-être pour ne pas avoir à partager la fameuse prime promise)?

Denneval fut montré du doigt en raiso de son aspect avare pour ses propres dépenses, ses manières, de son orgueil, son matérialisme...

Les normands font un détour par Sauzet pour rendre visite à Antoine, et lui font leurs adieux.

Désormais, les actions contre la Bête vont dépendre exclusivement d'Antoine, qui va organiser les chasses à sa manière. Depuis son arrivée, voilà un mois, il a pu se rendre compte que la capture ou la mise à mort de la Bête, n'était pas une mince affaire, comme il l'avait pens en premier lieu depuis Versailles.

De leur côté, les curés s'impliquent eux aussi dans la lutte contre la Bête avec leurs faibles moyens; beaucoup d'entre eux sont toutefois persuadés que la Bête n'est pas un simple loup.

A leut arrivé à la cour le 4 août, les Denneval sont reçus sans enthousiasme par le roi, déçu de n'avoir eu de résultat de leur part.

Malgré son insuccès, Denneval recevra néanmoins unre remise annuelle de 350 livres pour tenir compte de "ses fatigues qui avaient pu porter atteinte à sa santé". Les frais de leur séjour et leur voyage monte à 3 600 livres, pour 5 mois de chasse.

Chasses de Denneval

Rappel des principales actions menées par Denneval, père et fils avant leur mission en Gévaudan :

- le 10 avril dans le secteur de Prunières et environs;

- le 21 avril autre chasse dans les environs de Prunières avec 10 000 hommes;

- le 23 avril chasse avec 12 paroisses;

- le 30 avril chasse avec 56 paroisses et 30 000 personnes avec comme centre le rocher de la Garde près du Malzieu;

- le 6 mai, chasse avec 29 paroisses aux alentours de Saint-Alban, les Ducs, le Truc de la Garde...La Bête poursuivie par deux chiens de Denneval file jusqu'au-delà de Sainte-Eulalie;

- chasse du 12 mai;

- chasse du 19 mai sur la Margeride au cours de laquelle une femme de 45 ans de Venteuges est tuée, au bois de Servillange;

- chasse du 22 mai aux alentours de la paroisse d'Aumont;

- chasse du 28 mai dans les environs de Lorcières;

- chasse du 1er juin aux alentours de Saugues;

- le 8 juin sur la paroisse du Malzieu;

- le 10 juin en Auvergne;

- chasse du 12 juin avec 10 paroisses dans le secteur de Pinols;

- le 13 juin près d'Auvers;

- le 16 juin sur le mont Grand, la Bête est levée sur le territoire de Julianges;

- chasse générale du 23 juin du côté du Malzieu pour Denneval et sa troupe;

- chasse du 31 juin aux alentours du Malzieu;

- 7 et 14 juillet, les dernières chasses générales pour le louvetier.

 

Délocalisation d'Antoine

Le porte-arquebuse qui séjourne au village de Sauzet depuis le 26 juin, entreprend de déménager le 24 juillet pour s'installer au château du Besset, situé entre La Besseyre-Saint-Mary et le mont Mouchet.

La raison invoquée de ce changement de résidence : être plus au coeur de la zone où se situent les attaques depuis quelques temps.

Au moment de la Bête, ce château n'est que partiellement et temporairement occupé par ses maîtres, qui demeurent à Craponne, en Haute-Loire; le domaine est administré par un garde nommé Mercier.

En offrant le gîte à Antoine, les propriétaires (mais aussi d'autres nobles) n'avaient-ils pas l'ambition de connaître en détail les vues du paorte-arquebuse et ses stratégies de chasse ou au contraire de le cantonner en un lieu plus éloigné de certains sites d'attaques projetées?

 Le 27 juillet, vers 8 h du soir, la Bête blesse gravement Pierre Roussel agé de 11 ans sous les yeux de ses parents et de sa soeur impuissants à la rattraper, accompagnés par d'autres personnes, alors qu'elle emporte leur fils sur une distance de 500 pas. Cette force et cette rapidité hors du commun ne sont pas à la portée d'un simple loup ou d'un autre animal de gabarit équivalent, mais bien d'un animal plus puissant et plus agile.

Fin juillet, Antoine adresse un mémoire de ses chasses aux intendants des deux provinces; cet extrait traduit déjà ses propres doutes sur la nature de la Bête :

" Nous avons reconnu tant par les raînées que ces bêtes ont fait des cadavres que par le pied qu'il ne s'y trouve aucune différence du pied d'un grand loup. S'il y a quelque autre bête d'une autre espèce que celle des loups qui cause ces ravages, il n'y a acune différence de trace de celle de loups malgré les recherches continuelles que nous avons faites..."

Antoine suggère qu'il puisse exister autre chose que les loups, mais ne voit pas de différence dans les empreintes; nous verrons plus loins que d'autres animaux peuvent laisser sensiblement les mêmes traces qu'un loup.

Début août, Antoine reçoit des renforts locaux en la personne du comte de Tournon avec six chasseurs et dix-neuf chiens. Le gentilhomme ardéchois devient l'ami d'Antoine; ils chasseront ensemble à plusieurs occasions.

Le 9 août, la Bête est débusquée par Antoine et sa troupe dans les bois de Servières; elle est poursuivie mais non rattrapée à 17 h lors de l'arrêt de la battue. Antoine se demande s'il n'a pas trop effarouché la Bête au risque de ne plus la retrouver le lendemain ; il s'intérroge sur les futures stratégies qu'il va devoir imaginer pour capturer ou tuer la Bête.

Soudain, à 19 h, il entend des cris qui s'élèvent là tout près, au pied du château. Que se passe-t-il? Il sort et rencontre des paysans excédés : la Bête vient de tuer Jeanne Anglade, une fille de 16 ans, à moins de 500 m du château. Curieuse attitude de la Bête que de narguer Antoine chez lui après avoit ét traquée tout le jour!

Les chasseurs et les habitants se lancent immédiatement à sa poursuite mais un orage interrompt la partie.

Ebranlé par ce nouveau meurtre quelque peu osé, Antoine se demande encore : est-ce bien un comportement de loup? Il doute de plus en plus, même si les traces laissées au sol paraissent semblables à celles d'un loup, une fois de plus!

Il me paraît évident que la Bête n'est pas venue d'elle-même provoquer le porte-arquebuse, mais qu'elle a été ramenée ou attirée là par un homme.

Le 11 août vers 10 h du matin, Marie Jeanne Vallet, la bonne du curé de Paulhac, âgée de 19 ans, se rend en compagnie de sa soeur cadette âgée de 17 ans, à la métairie de Broussous située à 1,5 km au sud du village.

Arrivées au ruisseau de Broussous, qu'elles doivent franchir, elles sont surprises par la Bête qui les attaque. Jeanne se défend vaillament, blessant zssez sévèrement l'animal au poitrail, du moins le croit-elle.

Après avoir été perforée par la lance de la jeune fille, la Bête a porté la patte à la blessure, puis s'est roulée dans l'eau de la rivière et a disparu.

Alerté, Antoine se rend sur place dans les meilleurs délais et fait lâcher les chiens à sa quête qui perdent sa trace une nouvelle fois...

Ci-dessous, un extrait du procès-verbal, dressé par Antoine, sur la déclaration de Marie Jeanne Vallet, précisant les circonstances de l'attaque et l'aspect de l'animal :

" Ce que voyant la Bête, Marie Jeanne Vallet toute effrayée, elle avait reculé quatre ou cinq pas et que dans le moment la Bête s'étant voulu élancer sur elle, elle lui avait porté dans le poitrail de toute sa force un coup de baïonnette qu'elle portait. Nous étant fait présenter la dite baïonnette nous avons reconnu qu'elle était teinte de trois pouce de sang. Interrogée, la dite Marie Jeanne Vallet ce que la dite Bête avait fait  lorsqu'elle avait reçu ce coup, a répondu qu'elle avait fait un cri assez fort en portant le pied de devant à la blessure qu'elle avait reçue, après quoi elle s'est jetée dans la rivière ou elle s'est roulée plusieurs fois, après quoi, elle ne savit pas ce qu'était devenu l'animal...

Interrogée comment il lui était apparu que cette Bête était faite, elle a répondu qu'elle lui était apparu de la taille d'un gros chien de troupeau, ayant une tête très grosse et plate, la gueule noire, de belles dents, le collier blanc, le col gris, qu'elle était beaucoup plus grosse par devant que par derrière et qu'elle avait le dos noir."

Curieux que ce geste consistant à porter la patte à sa blessure; ce comportement peu singulier de la part d'un animal sauvage avait déjà été observé lors de l'attaque des enfants du Villaret.

A l'évidence, la description qui est faite de la Bête ne caractérise par formellement un loup, ne fusse que par la couleur du pelage.

Marie Jeanne Valler est surnommé un peu précocement "la pucelle du Gévaudan" par analogie à Jeanne d'Arc par Antoine, qui espère tant que la Bête disparaîtra enfin à la suite de cette blessure, car il est gêné de dépenser l'argent public sans résultat encore.

 

A suivre....

La Bête du Gévaudan, le loup acquitté, enfin

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Commentaires
B
Qu'est-ce que l'on en a entendu parler et on en parle encore...<br /> <br /> Doux jeudi à toi.<br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> Bernadette.
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V
Partie 21 et ce n'est pas fini ... <br /> <br /> D'ailleurs , on parle encore d'elle .<br /> <br /> Merci pour cette suite, une fois de plus des plus complètes .<br /> <br /> Bonne soirée et beau dimanche Wolfe <br /> <br /> Bises
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M
Ah la fameuse bête qui fait peur à tout le monde ! Même pas moi loll ! Non mais quand tu penses qu'ils envoyaient les gens non armés c'était la pâture ni plus ni moins ! Bon week-end bisous
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C
La bête du Gévaudan a fait parler bien longtemps ! Bises et bon w;end. FRANCOISE
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L
que de morts dans cette histoire-<br /> <br /> la petite a bien vu l'animal cette fois--- le suspens reste entier<br /> <br /> bon week-end qui arrive- bisou-s
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